Le défilé Louis Vuitton était prévu en clôture de la dernière Fashion Week parisienne comme pour souligner qu’il en serait l’acmé. Et Nicolas Ghesquière n’a pas déçu. Dès le premier passage, le message était clair : Louis Vuitton offre désormais un vestiaire accessible et portable dans la vie de tous les jours. Fini les défilés spectaculaires où l’idée globale prime sur le vêtement, où l’on infuse et décline le décor dans la collection. Les pièces proposées par Nicolas Ghesquière parlent pour elles. Loin des mises en scène spectaculaires de certains concurrents qui permettent aux journalistes d’avoir des angles d’attaque rédactionnels simples et plutôt convenus – allant parfois jusqu’à oublier de parler de la collection elle-même – Nicolas Ghesquière a décidé de laisser le vêtement s’exprimer et raconter sa propre histoire, sans être éclipsé par la mise en scène. Pas de superstars sur le podium mais simplement des mannequins au visage presque anonyme dans une démarche quasi margielesque. Bref, Louis Vuitton a fait simple pour ce défilé aux (quand même) 1 200 invités.
Nicolas Ghesquière et ses mannequins.
Mais qui dit simplicité ne dit pas ennui. Car les pièces présentées étaient loin d’être ennuyeuses. La collection Automne-Hiver 2014-2015 par Nicolas Ghesquière refond complétement le vestiaire de la femme Louis Vuitton (qui n’avait pas vraiment de caractéristiques pour l’instant). Les formes sont simples, on retrouve des lignes trapèzes et en A qui viennent épurer la silhouette et affiner la taille. Ces lignes ainsi que les cols pelle à tarte oversize font écho à la mode des années 60, lorsque Pierre Cardin et André Courrèges étaient les talents à suivre. Louis Vuitton décline ce sentiment de féminité et de liberté que l’on retrouve aussi chez Valentino, Miu Miu ou Gucci pour la saison prochaine.
Les matières se mélangent, le vinyle côtoie le cuir qui s’allie aux peaux précieuses et au daim. Certaines alliances d’empiècement, presque des collages, font penser à ce que propose Proenza Schouler et qui fonctionne extrêmement bien depuis quelques saisons. Chaque passage garde quelque chose d’éminemment féminin, que ce soit une taille svelte franchement marquée par une ceinture monogrammé nouée (qui rappelle les bottines basses portées par les mannequins du show) comme une corde de navire, des jambes dévoilée par une minijupe zippée ou une gorge offerte, comme mise à nue sous des débardeurs échancrés en maille (qui nous font penser aux robes de la dernière collection hiver 2013 de Prada qui dévoilaient les épaules des mannequins)
Louis Vuitton FW 14-15
Certains passages, plus graphiques que les autres, évoquent les rencontres, les associations et les voyages qu’effectue la femme Vuitton. Certains imprimés-tapisserie semblent tout droit sortis d’un chalet à la montagne. Cette atmosphère se trouve renforcée par la présence de matières matelassées et douillettes, signe que cette collection est bien une collection d’hiver malgré les petites robes qui défilent. Chaque rayure de la collection rappelle le drapeau Louis Vuitton qui flotte triomphalement au sommet du vaisseau amiral des Champs-Elysées comme pour installer les rayures dans les codes de la Maison. Car les codes Louis Vuitton sont bel et bien présents : on a pu voir le monogramme décliné sur les chaussures, les ceintures ou certains sacs « malles » de la collection. Ici, pas question de réinterpréter ou de changer le monogramme : comme un témoin historique de l’histoire de la marque, il conserve ses couleurs et ses proportions bien connues et en deviendrait du fait presque discret et sous-entendu.
Louis Vuitton FW 14-15
C’est une réussite sur tous les plans que ce défilé Louis Vuitton 2014-2015, aussi bien sur celui de la communication, que de la mise en scène, que des pièces à proprement parler. La cliente Louis Vuitton y trouvera à coup sûr des pièces versatiles qu’elle pourra porter la journée mais aussi des pièces plus fortes pour affirmer sa personnalité. Grâce à ce défilé sans faute, Louis Vuitton marque un tournant dans sa ligne de prêt-à-porter qui devient l’une des plus désirables de la scène parisienne.
